De nos jours, la sérigraphie est présente et utilisée tout autour de nous. Développée dès l’an Mil sur le principe du
pochoir, cette technique d’impression se retrouve dans de nombreux domaines. Pourtant, à l’ère de l’informatisation et de la diffusion, de nombreux modes d’impression modernes et numériques se profilent sur le marché. Comment, et de quelle manière la sérigraphie réussit-elle à perdurer vis-à-vis de cette concurrence ? Quelles sont les entreprises qui choisissent la sérigraphie et dans quelles conditions opèrent-elles ?
La sérigraphie : distinguer industrielle et artisanale
L’impression sérigraphique utilise la technique du pochoir. Elle permet d’imprimer sur une multitude de matériaux comme le papier, le bois, le textile, le métal, le plastique. La première étape consiste à reporter le dessin à imprimer sur un typon (calque ou acétate), à la main, ou à l’aide de l’outil informatique. Durant l’insolation, le typon sur lequel est dessiné le motif est alors placé entre un écran recouvert d’une couche photosensible et une source lumineuse. L’écran est ensuite rincé. Durant l’étape du dépouillement, les zones non-insolées se dissolvent. L’écran est placé sur la table d’impression. L’encre est déposée puis raclée afin de faire apparaître le motif sur le support papier qui sera ensuite placé dans un séchoir. Aujourd’hui, le travail en atelier tend à devenir de moins en moins manuel : le processus de sérigraphie s’informatise considérablement.
En France, trois entreprises de sérigraphie sur quatre sont artisanales. Généralement, il s’agit de petites structures dites PME, dirigées par de plus petites équipes que dans le secteur industriel. Ces entreprises proposent d’imprimer essentiellement sur papier et textile et parfois sur d’autres supports comme le verre, le carton ou le plastique. Elles répondent à des commandes de moyennes séries (tee-shirts, sacs, affiches, faire-parts, cartes de visite). La sérigraphie dite artisanale, dédiée principalement aux applications graphiques, a pour critère le plus important le rendu des couleurs et cible notamment le marché de l’édition.
La sérigraphie industrielle désigne le procédé d’impression sérigraphique destiné au secteur industriel : ce procédé répond à des commandes de grande série et permet l’impression sur tous types de supports en vue de développer un produit fini. Les structures d’activité sont généralement plus conséquentes que pour les entreprises artisanales. L’étape d’impression s’apparente alors à un procédé d’enduction et constitue uniquement une étape dans la fabrication d’un produit. Ainsi, pour exemple, le sérigraphe exerçant au sein d’une structure industrielle imprime sur verre en vue de réaliser du vitrage automobile ou des portes de douche.
La sérigraphie face aux autres modes d’impression
« La sérigraphie se caractérise par un procédé d’impression différent de l’imprimerie. Par ce procédé on peut imprimer tous types de supports : aussi bien de l’autocollant, du tee-shirt, du sac plastique », explique Emmanuel MAUGER, professeur dans le cadre de la formation CAP Sérigraphie industrielle du lycée Emile Zola, situé à Hennebont. Pourtant, face aux autres modes d’impression, la sérigraphie se voit sérieusement concurrencée.
En terme économique, certains domaines d’applications sollicitent désormais d’autres modes d’impression. C’est le cas pour l’impression jet d’encre qui tend à s’affirmer dans le secteur du textile. En effet, elle présente de nombreux avantages d’ordre économique et pratique que la sérigraphie ne permet pas. Par exemple, l’impression jet d’encre réduit les coûts de main d’œuvre, ainsi qu’au démarrage. Elle permet d’imprimer sans limite de cadre et surtout sans contact : ainsi le risque de distorsion de l’image, récurrent en sérigraphie, est éliminé. Cependant et malgré ces avantages, l’impression jet d’encre ne remplacera pas la sérigraphie dans un avenir prévisible. A l’heure actuelle, le jet d’encre ne concurrence la sérigraphie que dans le domaine des petites séries, imprimées en tons continus, avec ou sans personnalisation.
La sérigraphie tire son succès depuis la particularité de ses encres, qui permet un rendu opaque et des couleurs intenses.
En terme d’écologie, en utilisant des encres solvantées et les vernis UV, la sérigraphie ne se présente pas comme un mode d’impression écologique. Le procédé est également gourmand en eau et utilise des produits toxiques lors du nettoyage du tamis.
En terme de praticité et de rendu, la sérigraphie n’est pas infaillible face à d’autres procédés d’impression. Le maillage des pochoirs n’autorise pas de linéatures élevées : les trames de 50 lignes constituent généralement une limite. Parfois, la finesse des détails peut être difficile à reproduire, notamment concernant les petits caractères de police. La gamme complète des nuances et les dégradés subtils ne peuvent pas toujours être reproduits. La sérigraphie requiert un dispositif de séchage et le rendu est difficile à simuler sur épreuve, alors même que d’autres modes d’impressions comme l’impression numérique permettent de sortir facilement des épreuves.
La sérigraphie : les caractéristiques qui la sauvegardent
La sérigraphie concurrence les modes d’impression « de l’imprimerie » car elle offre un très large éventail de supports d’impression. Notamment grâce aux particularités de l’encre, il est possible de sérigraphier sur presque tout : cartons, papiers, bois, plastiques (PVC, polyéthylène, polypropylène, polystyrène…), sur du métal, du verre, mais aussi sur des textiles (coton, nylon, polyester). Par exemple, dans le cas de la déclinaison d’une identité sur verre, papier et textile, le client doit opter pour une impression en sérigraphie.
La sérigraphie est une technique d’impression aux multiples avantages et aux grandes qualités plastiques. Elle permet des rendus de qualité et également différents effets d’impression. En utilisant des encres adaptées, on peut varier les rendus : mat, effet brillant, vernis.
En sérigraphie, il est possible d’imprimer en quadrichromie et également en tons directs. Par ailleurs, la viscosité des encres confèrent au support un toucher tactile. Désormais, certaines entreprises utilisent exclusivement des encres à l’eau et recourt
à un nettoyage par station d’épuration, ce qui permet d’assainir les eaux rejetées. En plus d’offrir des impressions de qualité, le procédé en lui-même apporte de la valeur ajoutée à un projet : dans le domaine de l’édition notamment, le recours à la sérigraphie permet des rendus « authentiques » ; c’est souvent cet aspect qui séduit les clients.
Particulièrement utilisée par le secteur industriel et textile, l’impression sérigraphique connait un regain d’intérêt pour sa simplicité, ses qualités esthétiques et plastiques. Le procédé a été exploité et porté par le mouvement pop-art des années 50-60 ainsi que par les grands affichistes. La qualité d’impression en aplat, l’intensité du rendu des couleurs, l’épaisseur d’encrage, la conservations des couleurs, constituent les particularités intéressantes de la sérigraphie ; et ce sont notamment ces aspects que l’impression numérique peine aujourd’hui encore à reproduire.
Qu’il s’agisse de textile, de papier peint, de puce électronique ou de vitrage automobile, la sérigraphie, issue de la technique du pochoir, se décline sur tous les supports de notre quotidien. Ses avantages lui permettent de s’inscrire comme leader dans le milieu industriel, relativement à d’autres moyens d’impression, numériques notamment. Egalement très employée sur support papier, les qualités plastiques et graphiques de la sérigraphie séduisent toujours le marché de l’édition. Il s’agit donc d’une technique employée de manière artisanale ou industrielle, qui satisfait pour sa simplicité et ses particularités d’impression. Aujourd’hui, même si concurrencée par le numérique, la sérigraphie évolue et s’impose toujours comme un mode d’impression à part.
Sources textes et images :
- « Le métier de sérigraphe », [reportage], L’Artisanat, mise en ligne en février 2012, durée 3mn14. Visible sur le site de l’artisanat.info, consulté le 21/01/15. – « La sérigraphie expliquée par Alain Jaubert », [extrait de « Andy Wahrol, « Ten Lizes » »], Palettes Production – Centre Georges Pompidou, mise en ligne en avril 2012, durée 1,53. Visible sur youtube.com, consultée le 21/01/15.
- COSSU, Matteo, DALQUIE, Claire, La sérigraphie. Pyramyd, 2012. – VerteImpression.com, Verte Impression. « Impression écologique de t-shirts et autres textiles », http://verteimpres- sion.com/fr/ecologie.html, consulté le 21/01/15.
- Explisites.com, Explisites. « La sérigraphie », http://www. explisites.com/serigraphie.html, consultée le 21/01/15. – CORREIA, Geneviève, Cours d’Impression-Reproduction enseignés à l’Ecole de Design Nantes Atlantique dans le cadre de la formation Année 2 en Graphisme.
- TheTenCollectiv.com, The Ten Collective, http:// thetencollective.tumblr.com, consulté le 21/01/15. – Tealer.fr, Tealer, http://tealer.fr/fr, consulté le 21/01/15. http://www.thieme.eu, Thieme. « Le principe de la sérigraphie », http://www.thieme.eu/fr/la-serigraphie, consulté le 18/02/15. onisep.fr, Onisep. « Fiche métier : Sérigraphe », http://www. onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/serigraphe, consulté le 18/02/15.
- dezzig.com, Dezzig. « La sérigraphie », http://www.dezzig. com/serigraphie/, consulté le 18/02/15. Artisanat.info,
- L’Artisanart. « Le métier de sérigraphie », http://www.artisanat.info/metier/serigraphe, consulté le 18/02/15.
Article rédigé dans le cadre du cours Impression-Reproduction de l’Ecole de Design de Nantes par A. Grange, L. Rivol, A. Follenfant, S. Savattier, I. Galtier, L. Le Gourriérec – G2H
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